La surmortalité des années 1679, 1694, 1710 et 1742 à Epieds |
La moyenne du nombre de décès par an à Epieds entre 1668 et 1740 est de l'ordre de 33 décès par an. Les 3 années atypiques ou le nombre de décès est de plus de 2 à 3 fois plus important que la valeur moyenne sont :
Année | Nb de décès |
1679 | 73 |
1694 | 94 (valeur sous estmée car il manque 2 mois d'actes dans les registres de cette année) |
1710 | 107 (dont 17 pauvres mendiants venant des départements voisins) |
1742 | 78 |
Il ne s'agit pas d'un constat local mais généralisé à l'Europe, l'Amérique du Nord et la Chine en raison du "Petit Âge glaciaire" dont l'une des périodes "le Minimum de Maunder" irait approximativement de 1645 à 1715.
Elle est liée à la grande famine de 1693-1694 causée par un hiver 1692 très rigoureux, un printemps et un été 1693 trop pluvieux qui impactèrent fortement la quantité des récoltes de céréales. La sous-alimentation favorisa les épidémies comme le typhus jusqu'en 1694. On compte de 1,6 million à 2 millions de victimes en France sur 1693-1694.
En france, le grand hiver de 1709 a été le plus marquant de cette période. A Paris, le gel dura du 6 au 24 janvier avec des pointes de froid à -18°C les 13, 14 et 19 janvier (d'autres estimations vont jusqu'à -23°C le 13 janvier et -21°C le 14 janvier). Après un redoux, une nouvelle période de froid vif apparait entre le 21 février et le 3 mars avec des minima à -13,5°C. Les cultures qui étaient reparties ont été largement endommagées et cela a entrainé une famine qui va durée jusqu'en 1710.
Environ 600 000 personnes moururent en France sur une population totale estimée à environ 20 000 000 d'habitants soit environ 3% de mortalité. Les décès sont liés soit directement au froid ou indirectement de la faim ou des épidémies meurtrières sur une population sous-alimentée.
En 1710, le nombre d'habitants à Epieds est estimé à environ 2000 habitants. En 1710, le nombre de décès est d'environ 90 (si l'on exclus les personnes non originaires d'Epieds) soit un taux de mortalité d'environ 4,5%.
Encore aujourd'hui, cette période détient le record de l'hiver européen le plus froid des 500 dernières années et occupe toujours l'esprit des climatologues.
L'hiver est glacial en 1677. A Paris,
la Seine resta gelée du 9 décembre 1677 au 13 janvier 1678.
Les récoltes des années 1738-1739
furent très médiocres. Le curé de Villampuy écrit : "La récolte de
l'aoust 1738, surtout pour les bleds, ne fut presque de moitié des
années ordinaires ... à cause des pluyes fréquentes et ...
continuelles". A Chartres, c'est Mme de Montmorency-Courtalain qui
écrit le 5 mai 1739 : "Voilà trois récoltes de suite qui ont été si
modique qu'on a presque pas recueilly de bled et point d'avoine".
L'hiver 1740-1741 a été très froid avec plus de deux mois de suite de
fortes gelées. L'été 1741 fut caniculaire. Il y eu près de cinq mois
sans pluie, les chaleurs furent violentes mais sans orage. L'herbe des
champs fut aussi sèche que le foin. Le bétail souffre
considérablement du manque de nourriture. Le mois de janvier 1742 fut
très rigoureux. Du 2 au 25 janvier les gelèes furent ininterrompues.
L'été fut caniculaire comme en 1741. La famine accompagnée d'épidémies
de bronchite, typhus et dysenterie fera de nombreuses victimes.